cotton crush
Je suis diplômée d'une grande école de mode parisienne...
Celles et ceux qui me connaissent peu trouveront cela surprenant.
À ma décharge, et en attendant de consacrer un peu plus de temps à mon apparence, je répondrais que "le cordonnier est souvent le plus mal chaussé" :-) (et les mamans perfectionnistes autoentrepreneures autodidactes qui ne délèguent rien, trop débordées pour assortir leur chaussettes, en tous cas c'est malheureusement mon cas en ce moment ! ;-)) Celles et ceux qui m'ont connue enfant se souviennent de moi comme une petite fille qui dessinait des vêtements, qui imaginait des collections, qui créait des déclinaisons, qui fixait des prix, qui cousait de petits vêtements à ses poupées, qui leur inventait un caractère et une carrière, qui faisait tout cela avec beaucoup de sérieux.
Je me projetais dans un futur idéalisé, une sorte de rêve qui, il me semble, est né d'une visite magique organisée par mon école.
En Afrique, jusqu'à mes 10ans, j'ai vécu une vie simple, mélée d'ennui, de chaleur, de pluie, de terre, d'océan, de musique, d'émerveillement et de grand air.
Nous avons eu la chance une après midi ma classe et moi de visiter un champs de coton. Hypersensible de nature, je fus abasourdie par la poésie pure de ce champs de "nuages", par la délicatesse de ces petites graines noires nichées dans leur écran blanc que l'on me donnait à toucher. Des fleurs tantôt roses, tantôt bleues, mon esprit d'alors pense encore avoir entendu que l'on ne pouvait pas connaitre à l'avance de quelle couleur serait la fleur, et j'adorais ce mystère.
Trente ans après, je me souviens encore de cet émerveillement et j'ai longtemps voulu revivre cette après-midi, me replonger dans cette magie... en cultivant mes propres champs !
Je n'ai rien retenu de technique de cette visite à l'époque, ce que j'ai conservé ce sont des sensations ancrées à vie.
Une dizaine d'années plus tard, diplôme de mode en poche, je suis restée complètement bloquée. Cet univers (pardon pour mes camarades qui ont su brillamment y trouver leur place et que j'admire pour cela- n'y voyez là aucune prétention ) cet univers donc, tel qu'il me l'était présenté, me semblait futile, inutile, je ne savais pas quoi faire avec mes compétences. Je souhaitais fonder une famille et ne voulais pas vivre dans l'urgence des collections à terminer, le stress, pour quelque chose qui n'avait aucun sens à mes yeux.
J'étais coincée dans un monde qui ne me ressemblait pas du tout et cette angoisse je l'ai trainée pendant presque 20ans.
Mon lien avec la nature est très fort. Mes cordes sont sensibles, artistiques. Aujourd'hui le constat est sans appel, un long burn-out m'a bien fait comprendre, si je ne l'avais pas déjà compris, que je ne pouvais pas me soumettre à travailler dans une industrie de destruction massive (aka la "mode"). Mes mots sont pesés.
J'ai renoncé à mon rêve de culture de coton et je vous explique pourquoi dans mon prochain billet.
Comments